La pollution atmosphérique tuerait plus encore que le tabac

Nous relayons l’information transmise par Le Monde du 26 Mars :

Alors que la France et une partie de l’Europe occidentale sortent tout juste d’un épisode de pollution atmosphérique inédit et que les alertes se succèdent en Asie, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a rendu publique, mardi 25  mars, sa nouvelle estimation de la surmortalité attribuable à la mauvaise qualité de l’air. Celle-ci, estime l’OMS dans son communiqué, « est désormais le principal risque environnemental pour la santé dans le monde ».

Par rapport aux dernières estimations de l’organisation onusienne, qui remontent à la fin des années 2000, ce nouveau chiffre constitue un quasi-doublement. Une différence attribuable à l’augmentation de l’incidence des maladies liées à la pollution atmosphérique, mais aussi à l’amélioration des techniques d’analyse et à la prise en compte de nouvelles données.

Rappelons qu’en octobre 2013 le CIRC avait classé la pollution atmosphérique comme cancérigène pour l’homme elle pourrait avoir aussi des effets neurologiques.

L’impact sanitaire de la pollution atmosphérique sur la santé ne se limite pas à accroître le risque de cancer, mais concerne également les pathologies cardiovasculaires et pourrait même affecter les fonctions cognitives, selon de nouvelles études.ceci étant dû notamment à plusieurs polluants comme le dioxyde d’azote (NO2), le dioxyde de soufre (SO2) et les particules en suspension d’un diamètre inférieur à 10 µm (PM10).

Selon l’ INVS ( institut de veille sanitaire) « l’impact à long terme de l’exposition chroniques aux PM2,5 [ les « particules fines »] sur la mortalité, notamment cardiovasculaire, a été clairement établi. Les résultats sont moins concluants en ce qui concerne le lien entre exposition chronique à l’ozone et mortalité respiratoire. »Outre son retentissement respiratoire et cardiovasculaire, la pollution atmosphérique pourrait également avoir une traduction sur le plan neurologique. Lors d’une étude expérimentale chez le rat menée par des chercheurs chinois (1), et publiée en mars 2013, l’exposition au NO2 est apparue susceptible d’augmenter  le risque de démence, d’origine vasculaire. Une équipe californienne (2) s’est penchée sur les fonctions cognitives d’adultes d’âge moyen et de seniors à Los Angeles et a mis en évidence en octobre des associations entre des niveaux croissants d’ozone, de PM2,5 et de NO2 et une diminution de certaines performances intellectuelles.

Si l’attention est plus fortement attirée par les épisodes de pics de pollution, L’InVS insiste sur le fait qu’en « termes de santé publique, le poids de ces impacts à long terme est largement supérieur à celui des impacts à court terme ».

En 2012, 3,7 millions de personnes sont décédées à travers le monde en raison d’effets liés à la pollution extérieure et 4,3 millions en raison de la pollution de l’air domestique, soit concrètement les fumées et émanations liées aux appareils de cuisson, chauffés au bois ou au charbon, ou les instruments de chauffage.

(1)http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S004565351300369X

(2) http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0161813X13001526