Installation des Etats généraux de l’alimentation dès le 20 juillet

Les Etats généraux de l’alimentation, s’ouvrent ce jeudi 20 juillet à Paris, dans le centre de conférences du ministère des finances à Paris.

Les discussions vont durer plusieurs mois avec la tenue de quatorze ateliers du 29 août jusqu’en novembre, vont constituer pour le ministre de la transition écologique et solidaire un test de sa capacité à peser sur les choix politiques du gouvernement, au-delà du strict périmètre de son ministère.

« Le monde agricole doit se transformer, le monde de la distribution doit l’accompagner », a déclaré le président de la République, précisant « nous allons inciter les producteurs à se regrouper pour vendre ensemble et que filière par filière, on trouve l’organisation qui permette à chacun d’avoir un vrai partage de la valeur ajoutée ».

La journée d’ouverture a vu se succéder à la tribune le premier ministre, Edouard Philippe, qui a ouvert les travaux, le ministre de l’agriculture, Stéphane Travers, la ministre des solidarités et de la santé, Agnès Buzyn, le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, et Nicolas Hulot.

Ce rendez-vous imaginé par M. Hulot sous le nom de « Grenelle de l’alimentation » et repris par M. Macron dans son programme présidentiel doit, espère-t-il, « réconcilier agriculture et environnement ». Dans sa feuille de route transmise au premier ministre, le 15 juin, M. Hulot évoque un « enjeu de civilisation ». Il a également appelé à «associer l’intelligence de l’homme et celle de la nature» et a dit «rêver d’un pacte entre les consommateurs et les paysans où il y aurait de la place pour l’agriculture biologique et l’agro-écologique sans pour autant stigmatiser les autres formes d’agriculture».

Le président du Conseil national de l’alimentation Guillaume Garot exhorte les États européens à soutenir la transition de l’agriculture vers des modèles de production durables.L’enjeu est d’abord celui de la justice sociale. L’alimentation est le miroir des inégalités. Il n’y a qu’à regarder la carte de l’obésité pour s’en convaincre : elle se superpose à celle de la précarité en France. Selon les revenus, les lieux de vie, l’éducation, l’accès à une alimentation de qualité est aisé ou non. Notre ambition doit donc être claire : garantir une alimentation de qualité pour tous.

Pour le président de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), les états généraux doivent relever quatre défis principaux. Le premier et le plus urgent vise à réduire l’utilisation des pesticides dans l’Hexagone. «Cette baisse peur atteindre 30% sans modifier les rendements. Nous avons des solutions à l’Inra, les agriculteurs le savent», a-t-il déclaré. Autres outils à disposition: gestion des résistances génétiques aux maladies sans recourir à la transgénèse, développement de solutions de biocontrôle et réduction du recours aux antibiotiques.

Les associations espèrent placer la santé, le climat, l’usage des pesticides et des engrais et la condition animale au cœur des Etats généraux de l’alimentation :France nature environnement craint “une participation restreinte aux représentants agricoles, distributeurs et transformateurs, sur le seul sujet du partage de la valeur” au sein des filières alimentaires, “bien loin de la promesse d’un Grenelle de l’alimentation faite pendant la campagne électorale”.

Nicolas Bricas, agro-économiste au Cirad. s’exprime ainsi «A l’échelle planétaire, on produit 30% de plus que ce dont on a besoin pour se nourrir», a rappelé le chercheur. Lutter contre ce gaspillage doit être une priorité, tout comme le développement d’une «alimentation de proximité, privilégiant le local et les circuits courts». Une évolution qu’attendent les consommateurs et qui allègera le bilan carbone de l’agriculture. «Il faut s’appuyer sur trois leviers: l’information et l’éducation et la réforme des normes environnementales et sociales», a-t-il résumé.

L’amélioration de la qualité des eaux, des sols et de l’air représente le deuxième défi et non le moindre. Au programme: meilleur équilibre des cycles de l’azote et du phosphore, essor des légumineuses et recyclage des résidus organiques.

Troisième défi: l’empreinte climatique. «On peut réduire les émissions de gaz à effet de serre du secteur agricole en séquestrant le carbone dans les sols ou en sélectionnant des ruminants émettant moins de méthane.

Les états généraux se dérouleront en deux temps. De juillet à septembre, les questions économiques et commerciales réuniront les filières agricole et alimentaire. En automne, place aux enjeux de santé et d’environnement avec les associations citoyennes. À la rentrée, du 1er septembre au 30 octobre, une deuxième séquence, sociétale, précédée d’une consultation publique, abordera la question de l’alimentation, de la santé et de l’environnement. La clôture est fixée au 13 novembre.

www.egalimentation.gouv.fr/
http://agriculture.gouv.fr/mots-cles/etats-generaux-de-lalimentation