Verdict de Bhopal 25 ans aprés la catastrophe

Pesticides

Il y a 25 ans, dans la nuit du 3 au 4 décembre 1984, une fuite de gaz très toxique et mortel contenant entre autre du méthylisocyanate (MIC) survenait dans l’usine de pesticides de Bhopal, capitale de l’Etat du Madhya Pradesh en plein centre de l’Inde. Les 500.000 habitants des bidonvilles les plus proches ont été les plus touchés. Selon Amnesty International, cette catastrophe a empoisonné plus d’un demi million de personnes et occasionné la mort de 7.000 à 10.000 personnes, dont 8.000 la nuit même.

25 ans après les faits, le désastre chimique continue ses ravages dans la population. 15.000 autres personnes sont mortes dans les vingt ans qui ont suivi et plus de 100.000 personnes continuent de souffrir de problèmes de santé. En 2009, l’ONG internationale faisait de la catastrophe de Bhopal une priorité de sa campagne ”Exigeons la Dignité’.

Ce 7 juin 2010, sept anciens cadres de l’usine de pesticides appartenant à l’Union Carbide Corporation (UCC) ont été condamnés à deux ans de prison et à une amende de 100.000 roupies (1.700 euros environ) pour ”mort par négligence” selon l’AFP. La filiale indienne d’Union Carbide, qui n’existe plus, a quant à elle été condamnée à une amende de 500.000 roupies (8.900 euros).

Qualifié d’insulte” par les associations de victimes, ce verdict peut encore être contesté en appel. Il ne concerne que les dirigeants indiens. Warren Anderson, chef d’Union Carbide à l’époque de la catastrophe est sous le coup d’un mandat d’arrêt diffusé par le tribunal de Bhopal. Ce dernier âgé maintenant de 80 ans a fui vers les Etats-Unis où il vit désormais.

Concernant la firme américaine, en 1989, UCC a conclu avec le Gouvernement indien une indemnisation de 470 millions de dollars pour les dommages causés par la fuite de gaz mortelle et le transfert de responsabilité de ce qui reste de l’usine au gouvernement de l’Etat du Madhya Pradesh. Ainsi la firme américaine s’est une nouvelle fois dégagée de toute responsabilité, arguant qu’elle n’a jamais ni possédé ni exploité l’usine. Pour cette compagnie, l’affaire était close depuis 1989, l’indemnisation ayant été versée : ainsi le principe du pollueur payeur dans son intégralité n’est une fois de plus pas assumé.

En complément

In L’Environnement, question sociale. Dix ans de recherches pour le ministère de l’Environnement. Editions Odile Jacob, 2001.

Lire aussi du même auteur, les résultats des travaux de recherche menés avec D. Duclos et commandés par le ministère de l’environnement à l’époque d’Huguette Bouchardeau : Syndicats et écologisme, Pratiques et attitudes face aux pollutions industrielles, ARTE-CSU/CNRS, novembre 1985

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