Une nouvelle étude concernant la toxicité des fongicides SDHI

Dans la revue américaine Plos One, une équipe de chercheurs français met en évidence que le processus respiratoire de cellules humaines, d’abeilles et de vers de terre est également affecté en culture par ces SDHI.

Ces chercheurs avaient déjà lancé en avril 2018 un appel mettant en garde contre les SDHI, mais cette étude “fournit des données chiffrées et démontre que ces produits n’ont aucune spécificité”, affectant des organismes au-delà des seuls champignons visés, a déclaré à l’AFP Pierre Rustin, directeur de recherche émérite au CNRS et premier auteur de l’étude. Chez l’être humain, un disfonctionnement d’une enzyme clé de la chaîne respiratoire, la succinate déshydrogénase (SDH), est associé à de graves pathologies. De nombreux traitements fongicides employés dans les parcelles agricoles ou sur les terrains de sport, agissent en bloquant l’activité de la SDH de champignons parasites, et de ce fait empêchent leur développement. Ces composés, inhibiteurs de la SDH, sont appelés SDHI. Des scientifiques français1 viennent de mettre en évidence que huit molécules fongicides SDHI commercialisées en France ne se contentent pas d’inhiber l’activité de la SDH des champignons, mais sont aussi capables de bloquer celle du ver de terre, de l’abeille et de cellules humaines, dans des proportions variables. En effet, l’équipe de recherche dirigée par Pierre Rustin, directeur de recherche émérite du CNRS, a montré que les SDH de 22 espèces différentes étaient très similaires, en particulier dans les zones ciblées par les SDHI. Enfin, les chercheurs et chercheuses ont montré que les conditions des tests réglementaires actuels de toxicité masquent un effet très important des SDHI sur des cellules humaines : les fongicides induisent un stress oxydatif dans ces cellules, menant à leur mort. Cette étude est publiée dans la revue PLOS ONE le 7 novembre 2019.

l’ONG Générations futures, très engagée dans la lutte contre tous les pesticides , a présenté  les premiers résultats d’une analyse à partir de données de la Répression des fraudes (DGCCRF) montrant que 7,34% des résidus de pesticides retrouvés dans les aliments végétaux en France en 2017 étaient des SDHI. Entre ces résultats et l’étude, “Générations Futures demande l’application du principe de précaution et donc le retrait des autorisations de mise sur le marché des produits contenant des substances actives de  produits contenant du boscalide et autres SDHis, à titre conservatoire”, selon François Veillerette, directeur de l’ONG.

L’Agence de sécurité sanitaire (Anses), qui avait estimé en janvier qu’aucune alerte sanitaire n’était immédiatement justifiée, a souligné vendredi “poursuivre ses travaux concernant de potentiels effets de ces substances sur la santé en conditions réelles d’exposition” et avoir “demandé à l’Inserm de prendre en compte les données de cette publication, ainsi que d’autres publications récentes”.

Bibliographie :

Evolutionarily conserved susceptibility of the mitochondrial respiratory chain to SDHI pesticides and its consequence on the impact of SDHIs on human cultured cells. Paule Bénit, Agathe Kahn, Dominique Chrétien, Sylvie Bortoli, Laurence Huc, Manuel Schiff, Anne-Paule Gimenez-Roqueplo, Judith Favier, Pierre Gressens, Malgorzata Rak et Pierre Rustin. PLOS ONE, le 7 novembre 2019. DOI : 10.1371/journal.pone.0224132