Une étude suédoise met l’accent sur le numérique à l’école

Numérique à l’école : la Suède juge les écrans responsables de la baisse du niveau des élèves et fait marche arrière

Le 15 mai, la ministre des écoles, Lotta Edholm, a réagi en enterrant la stratégie de l’agence nationale de l’enseignement scolaire (Skolverket), en faveur de la poursuite du numérique, présentée en décembre 2022.

Pour y remédier, le gouvernement  a annoncé qu’il allait débloquer 685 millions de couronnes (60 millions d’euros) cette année et 500 millions (44 millions d’euros) par an en 2024 et en 2025, pour accélérer le retour des manuels dans les établissements scolaires. « Cela fait partie du retour de la lecture à l’école, au détriment du temps d’écran », expliquait la ministre.

Il n’existe cependant aucune statistique sur le temps passé par les jeunes Suédois devant un écran à l’école. Il varie d’un établissement à l’autre, et dépend des enseignants – de leur intérêt pour le numérique et de leur niveau de formation, qui varie d’une commune à l’autre, en fonction de l’engagement financier des municipalités. Début décembre 2022, dans une enquête réalisée auprès de 2 000 professeurs par leur syndicat, près d’un enseignant sur cinq en moyenne estimait que ses élèves écrivaient rarement ou jamais à la main. Au collège, ils étaient 35,3 % des enseignants et 56,8 % au lycée.

Dans sa lutte  menée contre les écrans, la ministre des écoles les a jugés responsables du recul des compétences des jeunes Suédois en lecture et en compréhension, mis en évidence par l’étude Progress in International Reading Literacy Study (Pirls), réalisée dans cinquante-sept pays et publiée le 16 mai – leur niveau restant toutefois supérieur à la moyenne européenne. C’est aussi en raison, selon elle, de l’omniprésence des écrans que les élèves ont perdu l’habitude de lire, que les enseignants utilisent des polycopiés (faute de manuels) et que les parents sont incapables d’aider leurs enfants.

La numérisation est devenue un objectif en soi, sans aucune vision d’ensemble », dénonce-t-il. Or, rappelle Torkel Klingberg, « de nombreuses études ont montré que les conséquences n’étaient pas toujours positives ». Il évoque notamment l’impact négatif des écrans sur la concentration des élèves et des connaissances, plus difficiles à assimiler sur un écran que dans un livre. Le neurologue mentionne le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (Pisa) de 2015, qui a montré un « lien entre l’utilisation du numérique pour faire ses devoirs par exemple et de moins bons résultats en mathématique ou en compréhension de la lecture ».