Archives par mot-clé : addiction à l’écran

Les dangers des écrans pour nos enfants par Michel Desmurget

Michel Desmurget  docteur en neurosciences et directeur de recherche à l’Inserm, auteur de TV Lobotomie (Max Milo, 2011)vient de faire paraitre un nouveau livre alerte: La Fabrique du crétin digital.

La consommation du numérique sous toutes ses formes – smartphones, tablettes, télévision, etc. – par les nouvelles générations est astronomique.

Dès 2 ans, les enfants des pays occidentaux cumulent chaque jour presque 3 heures d’écran. Entre 8 et 12 ans, ils passent à près de 4 h 45. Entre 13 et 18 ans, ils frôlent les 6 h 45. En cumuls annuels, ces usages représentent autour de 1 000 heures pour un élève de maternelle (soit davantage que le volume horaire d’une année scolaire), 1 700 heures pour un écolier de cours moyen (2 années scolaires) et 2 400 heures pour un lycéen du secondaire (2,5 années scolaires).
Contrairement à certaines idées reçues, cette profusion d’écrans est loin d’améliorer les aptitudes de nos enfants. Bien au contraire, elle a de lourdes conséquences : sur la santé (obésité, développement cardio-vasculaire, espérance de vie réduite…), sur le comportement (agressivité, dépression, conduites à risques…) et sur les capacités intellectuelles (langage, concentration, mémorisation…). Autant d’atteintes qui affectent fortement la réussite scolaire des jeunes.
« Ce que nous faisons subir à nos enfants est inexcusable. Jamais sans doute, dans l’histoire de l’humanité, une telle expérience de décérébration n’avait été conduite à aussi grande échelle », estime Michel Desmurget. Ce livre, paru au Seuil est une première synthèse des études scientifiques internationales sur les effets réels des écrans, est celui d’un homme en colère. La conclusion est sans appel : attention écrans, poisons lents !

Dépendance aux jeux vidéo et à Internet

Une étude japonaise indique que  4,20 millions d’adultes nippons sont dépendants à internet, dont 1,20 million “de façon maladive”. Ils sont incapables de réduire volontairement leur temps de navigation pour lequel ils sacrifient leur vie sociale, professionnelle et familiale.

En fait, l’addiction aux jeux vidéos est belle et bien reconnue, mais se distingue en ce qu’elle est une addiction comportementale et non chimique. Tout comme l’addiction aux jeux de hasard et d’argent, les jeux vidéos rentrent dans la catégorie des addictions comportementales qui ne font pas appel à la consommation de substances psychoactives.

Car la conception moderne de l’addiction ne se réduit pas à la dépendance, mais inclut également des conduites d’abus ; en particulier lorsque celles-ci induisent des dommages quels qu’ils soient.  Un temps important (plus de 30 heures par semaine) passé à ces pratiques et, surtout, un temps pris au détriment d’autres activités nécessaires à l’équilibre comme les relations sociales, amicales et familiales.

 Cette surconsommation de temps sur l’écran se traduit alors par une incapacité à contrôler et à réduire ce temps de jeu. Un véritable handicap qui peut avoir des répercussions sur le travail scolaire ou professionnel ainsi que sur l’équilibre alimentaire ou le sommeil.

Un autre symptôme particulièrement évocateur peut être une souffrance psychique associée à l’utilisation de ces jeux : tristesse, anxiété, agressivité, réduction d’un malaise…

Pour Bruno Rocher, psychiatre au service d’addictologie au CHU de Nantes et à l’Ifac, l’addiction aux jeux vidéos est un phénomène bel et bien réel même s’il est peut être plus exact de parler de “dimension addictive”.