Selon le dernier bulletin de veille sanitaire de l’année 2010 l’augmenation des cancers de l’enfant se confirme

Une nouvelle étude publiée par l’INVS (Institut de veille sanitaire) dans son dernier bulletin BEH n°50 révèle qu’un enfant sur 440 développe un cancer en France.

Cette sinistre comptabilité est établie par l’analyse de l’évolution des cancers de l’enfant entre 2000 et 2004. Ces chiffres sont supérieurs à tous ceux connus auparavant.

Cette étude : Incidence des cancers de l‘enfant en France : données des registres pédiatriques nationaux, 2000-2004
Incidence of childhood cancer in France: National Children Cancer Registries, 2000-2004
Brigitte Lacour (brigitte.lacour@medecine.uhp-nancy.fr)1,2, Aurélie Guyot-Goubin2,3,4, Sandra Guissou1, Stéphanie Bellec2,3,4, Emmanuel Désandes1, Jacqueline Clavel2,3,4
1/    Registre national des tumeurs solides de l’enfant, CHU Nancy, France
2/ Épidémiologie environnementale des cancers, Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations, UMRS 1018, Inserm, Villejuif, France
3/   Registre national des hémopathies malignes de l’enfant, Hôpital Paul Brousse, Villejuif, France
4/   Université Paris Sud 11, UMRS 1018, Villejuif, France

Résumé :
La surveillance des cancers de l’enfant en France est assurée depuis 1990 par le Registre national des hémopathies malignes de l’enfant (RNHE) et, depuis 2000, par le Registre national des tumeurs solides de l’enfant (RNTSE).

Sur la période 2000-2004, ces registres ont recensé 8 473 nouveaux cas de cancers chez les enfants de moins de 15 ans domiciliés en France métropolitaine. La qualité des données est attestée par le nombre moyen élevé de sources par cas (2,7) et par une confirmation histologique ou cytologique de 94% des diagnostics. L’incidence annuelle standardisée est de 156,6 cas par million avec un sex-ratio H/F de 1,2. Ainsi en France, un enfant sur 440 va développer un cancer avant l’âge de 15 ans. Les cancers les plus fréquents sont les leucémies (29%), les tumeurs du système nerveux central (23%), les lymphomes (12%) et les neuroblastomes (8%). Les taux d’incidence sont proches de ceux des autres pays industrialisés mais un peu plus élevés que ceux observés précédemment par les registres régionaux pédiatriques.
Bien qu’on ne puisse pas éliminer formellement une réelle augmentation de l’incidence de certains types de cancers, l’explication la plus probable est une amélioration de la méthodologie d’enregistrement, voire une amélioration des techniques diagnostiques pour les tumeurs cérébrales notamment.


Un enfant de moins de 15 ans sur 440 souffre ou souffrira d’un cancer

Si les cancers de l’enfant représentent environ 0,5% des 320 000 nouveaux cas de cancers diagnostiqués en 2005 dans l’ensemble de la population française, les cancers constituent la deuxième cause de mortalité entre 1 et 14 ans après les accidents, avec 20% des décès. La surveillance des cancers de l’enfant en France est assurée depuis 1990 par le Registre national des hémopathies malignes de l’enfant (RNHE) et, depuis 2000, par le registre national des tumeurs solides de l’enfant (RNTSE). Sur la période 2000-2004, ces registres ont recensé 8 473 nouveaux cas de cancers chez les enfants de moins de 15 ans en France métropolitaine, dont 3 446 hémopathies malignes (cancer du sang par exemple leucémie) et 5 027 tumeurs solides.

Il y a eu au cours de la période de suivi 156,6 nouveaux cancers de l’enfant cas par million et par an, avec une fréquence 20% plus élevée chez le garçon que chez la fille (sex-ratio H/F de 1,2). Ainsi en France, un enfant sur 440 va développer un cancer ou une tumeur cérébrale bénigne avant l’âge de 15 ans. Les cancers les plus fréquents sont les leucémies (29%), les tumeurs du système nerveux central (23%, tumeur du cerveau), les lymphomes (12%) et les neuroblastomes (8%) avec des répartitions variant en fonction du sexe et de l’âge. Les garçons sont plus touchés par des lymphomes, des tumeurs du foie, des tumeurs neuro-ectodermiques primitives centrales, les tumeurs d’Ewing (tumeur des os), les sarcomes des tissus mous et les tumeurs cérébrales, alors que les filles ont présenté surtout des tumeurs des ovaires et des carcinomes en particulier de la thyroïde.

Environ 50% des cancers de l’enfant sont survenus avant l’âge de 5 ans:

– Avant l’âge d’un an, les tumeurs les plus fréquentes étaient les neuroblastomes (31%), les tumeurs du système nerveux central (15%), les leucémies (14%), les rétinoblastomes (12%, tumeur de la rétine) et les néphroblastomes (8%, tumeur du rein).

– Entre 1 et 5 ans,  37% des cancers de l’enfant sont des leucémies (leucémie aiguë lymphoblastique, cancer de la moelle osseuse), 22% des tumeurs du système nerveux central (tumeur du cerveau), 11% des neuroblastomes (tumeur nerveuse non cérébrale) et 10% des néphroblastomes.

– Entre 5 et 9 ans les leucémies aiguës lymphoblastiques représentaient 32% des cas, les tumeurs du système nerveux central 23% et les lymphomes 14%.

– Entre 10 et 14 ans, ces trois types de cancers restaient majoritaires, avec les tumeurs osseuses qui surviennent plus tardivement.

C’est également après 10 ans que l’on voit apparaître les tumeurs épithéliales et les mélanomes, tumeurs habituellement rencontrées chez adultes.  Les taux d’incidence sont proches de ceux des autres pays industrialisés mais un peu plus élevés que ceux observés précédemment par les registres régionaux pédiatriques. (tumeur du rein).

Bien qu’on ne puisse pas éliminer formellement une réelle augmentation de l’incidence de certains types de cancers, l’explication la plus probable est une amélioration de la méthodologie d’enregistrement, voire une amélioration des techniques diagnostiques pour les tumeurs cérébrales notamment.

Il a donc fallut attendre 2010 pour obtenir enfin une véritable vision fiable des risques cancéreux qui menacent les enfants. Un enfant sur 440 souffrira d’un cancer avant sa quinzième année. On le sait, le risque ne disparait pas après. Il faut dorénavant étendre ces enregistrements aux adolescents (dans un premier temps jusqu’à 18 ans) et aux habitants des départements d’outre-mer,qui ne sont pas comptabilisés. Les premiers chiffres nationaux de survie des cancers de l’enfant seront publiés prochainement permettant (enfin!) l’évaluation de la prise en charge de ces jeunes patients.

Il sera également nécessaire un jour d’évaluer les facteurs autres que génétiques qui pourraient concourir à augmenter cette fréquence des cancers de l’enfant dans les pays industrialisés : pesticides, pollution, facteurs environnementaux et alimentaires… Le ministère de la Santé a un rôle qu’il ne remplit pour l’instant toujours pas.

Source BEH 49-50 / 28 décembre 2010

Mots clés / Key words : Enfant, cancer, incidence, épidémiologie / Children, cancer, incidence, epidemiology