S’éduquer à la nature plutôt que de s’y « reconnecter »

L’auteur de cette tribune parue dans “Reporterre”: Dimitri de Boissieu est écologue de formation et éducateur à la nature et à l’environnement. Selon lui, c’est déjà l’enjeu de l’éducation à la nature, qui, par son approche globale, porte aussi un véritable projet de transformation sociale et écologique.

Affirmer qu’il est nécessaire de « se reconnecter à la nature », c’est aussi faire le constat implicite que nous en sommes tous déconnectés. L’objectif recherché derrière l’expression est de combler un déficit, d’alerter sur une dérive, celle qui voit nos existences se dérouler essentiellement entre quatre murs, de moins en moins en contact avec le dehors.

L’idée à laquelle nombre d’éducateurs-trices à l’environnement sont attaché.e.s, c’est l’alternance des approches pédagogiques : sensorielle, physique, scientifique, ludique, artistique, imaginaire… L’éducation nature valorise aussi la connaissance. Observer avec précision, savoir décrire les choses, acquérir une culture naturaliste, comprendre les cycles du vivant… Ces acquisitions de savoirs nécessitent de s’inscrire dans la durée.

Cette diversité permet de toucher chaque être dans sa propre sensibilité. L’objectif éducatif ultime est de permettre l’émancipation des personnes, de les rendre débrouillardes, autonomes, capables d’esprit critique, en mesure de vivre en société et de prendre en compte la fragilité de notre monde. C’est rendre les humains à même de faire des choix, de s’engager et d’influer sur notre destin collectif.

L’éducation à l’environnement s’est construite sur l’idée que l’établissement d’une solide relation affective des femmes et des hommes avec la nature est une condition préalable indispensable à tout changement social et environnemental significatif. Parler de connexion à la nature permet d’acquérir plus d’audience pour sensibiliser aux effets néfastes du manque de nature. Mais ne perdons pas de vue que l’éducation nature, par son approche globale, va bien au-delà d’un sentiment retrouvé de lien au vivant et aux éléments. Elle porte un véritable projet de transformation sociale