Pollution atmosphérique hivernale en Haute Savoie

 

Passy enregistre en ce début d’hiver 2009/2010 un taux de benzopyréne de 3,9 nanogrammes par mètre cube d’air, Chedde (plus bas et proche de l’usine SGL Carbone, principale émettrice) 2,6 ng/m³ tandis que Chamonix, à 15 kilomètres de là, enregistre seulement 0,7 ng/m³. Cette dernière donnée tendrait à prouver que l’effet camions (présents aussi bien sur Passy que sur Chamonix) et du chauffage au bois ont une part négligeable dans le chiffre impressionnant de Passy.

Quand on sait qu’un adulte moyen ingère environ 8 m³ d’air par jour et que l’administration sanitaire place la barre de risque potentiel lié au benzo (a) pyrène à 1 ng par m³ d’air, on peut légitimement se poser la question du danger que représente ce polluant pour la population locale.

« Les mesures d’HAP réalisées en 2008 dans la vallée de l’Arve, comme l’indique le communiqué d’Air-APS, en quatre campagnes de 15 jours, soit une par saison, ont porté sur trois sites répartis sur seulement deux communes, à savoir Chamonix et Passy. À Passy, deux sites ont été retenus, tous les deux à Chedde : la station fixe habituelle de mesure de la qualité de l’air située près de l’école de Chedde Faubourg, et une station mobile implantée à seulement 300 mètres de l’usine SGL Carbon. Si les résultats méritent d’être pris très au sérieux, il convient de rappeler avec précision les sites d’implantation particulièrement propices à une concentration de polluants, notamment en fond de vallée.

Le Benzo(a)pyrène (B(a)P) est un des HAP les plus toxiques. En effet, il est reconnu comme cancérogène par l’IARC (International Association for Research on Cancer). Ceci est lié à sa capacité à former des adduits avec l’ADN. Il existe plusieurs voies d’activation du B(a)P, mais la plus importante est celle des diols époxydes car elle conduit à la formation d’adduits stables. Le B(a)P va être oxydé par les systèmes enzymatiques du cytochrome P450, pour finalement former un époxyde. Ce dernier produit, le Benzo(a)Pyrène-7,8-dihydrodiol-9,10-époxyde (BPDE), est susceptible de réagir avec l’ADN. Ainsi, la toxicité du benzo(a)pyrène est en partie directement liée au pouvoir cancérogène de l’un de ses métabolites, le BPDE, qui se fixe au niveau de l’ADN des cellules et entraîne des mutations pouvant à terme aboutir au développement de cancers.

Outre leurs propriétés cancérogènes, les Hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) présentent un caractère mutagène dépendant de la structure chimique des métabolites formés. Ils peuvent aussi entraîner une diminution de la réponse du système immunitaire augmentant ainsi les risques d’infection.

Dans l’atmosphère, les concentrations de HAP particulaires sont très variables, et les réseaux Atmo réalisent en continu des contrôles sur les polluants dont font partie les HAP.