Le scandale de l’amiante se poursuit : un non-lieu après 20 ans d’instruction?

Après 20 ans d’enquête, nous sommes devant un  coup de théâtre dans le scandale de l’amiante : le parquet de Paris considère qu’il est impossible de déterminer avec certitude quand les victimes ont été intoxiquées. Cette décision pourrait ouvrir la voie à des non-lieux dans une vingtaine de dossiers; ce qui met beaucoup de familles plaignantes face à un grand malaise .

C’est un scandale absolu d’arriver à une telle conclusion après 20 ans d’instruction“, s’est indigné François Desriaux, porte-parole de l’Andeva (Association nationale de défense des victimes de l’amiante). Le parquet et les magistrats instructeurs appuient leur analyse sur une expertise judiciaire diligentée en 2016 afin d’établir les liens entre la fibre cancérogène, interdite en France depuis 1997, et certaines maladies. Les effets ne sont pas immédiats : une personne exposée peut contracter une asbestose -une fibrose pulmonaire- après quelques années, ou un cancer après vingt à quarante ans.

Rappel des faits : en 1996, des anciens salariés d’Eternit, plus gros producteur d’amiante jusqu’en 1997 (date d’interdiction de l’amiante), déposent une plainte pour homicides et blessures involontaires. Plusieurs autres usines dont notre région est bien fournie ,les chantiers navals et le campus de l’Université Pierre et Marie Curie à Jussieu suivent. Selon l’Andeva, 3.000 personnes meurent de l’exposition à l’amiante chaque année. Si la Cour  a bien reconnu un lien de cause à effet entre les infections pleurales développées par les victimes et les conditions de travail, elle a cependant estimé que les faits devaient être prescrits.

En effet ce 13 juin 2017, le parquet de Paris déclare qu’il est impossible de déterminer avec certitude quand les victimes ont été intoxiquées. “Le diagnostic d’une pathologie liée à l’amiante fait la preuve de l’intoxication, mais ne permet pas de dater l’exposition ni la contamination“,  s’est déclaré le parquet de Paris dans ses réquisitions dévoilées par Le Monde et dont l’AFP a eu connaissance. La décision est d’autant plus surprenante qu’en février 2012, Stephan Schmidheiny, ancien propriétaire du groupe suisse Eternit, et Jean-Louis de Cartier de Marchienne, ancien actionnaire et administrateur de la société, ont été considérés responsables de la mort de près de 3.000 personnes en Italie, après un procès historique sur l’amiante.