Le chlordécone a contaminé pour longtemps les Antilles

La Guadeloupe et la Martinique sont contaminées pour des siècles par le chlordécone. Ce pesticide d’une toxicité extrême a été utilisé massivement dans les bananeraies de ces deux îles de 1972 à 1993. Il était interdit aux USA dés 1976 et en France métropolitaine depuis 1990.

Le composé décachloro-octahydro-1,3,4-méthéno-2H-cyclobuta[a,d)-pentalen-2-one, le

chlordécone, est synthétisé pour la première fois par des chimistes de la société américaine Allied Chemical Corporation en 1950 et breveté en 1952. Il est commercialisé en 1958 en tant qu’insecticide et acaricide, avant tout pour lutter contre les insectes et les cafards.

A la fin des années 1970, les connaissances sur la toxicité du chlordécone et sur sa persistance dans l’environnement étaient donc conséquentes.

Le produit est utilisé sous le nom commercial de Kepone ou GC-1189. Présenté sous la forme d’une poudre contenant de 5 à 50 % de chlordécone, le produit est utilisé sur les bananes, le tabac et les agrumes.

Le système de production basé sur la monoculture et le poids économique de la banane sont deux données de base qui conditionnent une utilisation intensive de pesticides.

A partir de 1973, le chlordécone est identifié dans le monde de la production de la banane
comme le « produit miracle » pour lutter contre le charançon.

Les données du rapport de l’OPECST permettent d’estimer que, de 1982 à 1993, 180 tonnes de chlordécone ont été utilisées dans les plantations de bananes des Antilles françaises.A partir de 1993, en principe, le chlordécone n’est plus utilisé. Sa présence dans l’environnement, avérée dans les études publiées en 1977, en 1980 et en 1993, semble destinée à être négligée, sinon oubliée.

A partir de la fin des années 1990, il devient obligatoire d’analyser la qualité des eaux potables. La responsabilité de cette mission est confiée aux services de santé (services DDASS).

La présence du chlordécone est mise en évidence mi-99 en Martinique et 6 mois plus tard en Guadeloupe.

Dès octobre 1999, la DDASS de Martinique et la Cire Antilles-Guyane lancent une nouvelle alerte et pointent les autres sources de contamination alimentaires par les résidus d’organochlorés contenus dans les sols.

 Résultat : les écosystèmes y sont pollués et la quasi-totalité des Antillais sont eux aussi contaminés par ce perturbateur endocrinien.