L’agriculture face au changement climatique

« Pour éliminer la faim et la pauvreté d’ici à 2030 tout en s’attaquant à la menace que constitue le changement climatique, une transformation profonde des systèmes alimentaires et agricoles sera nécessaire partout dans le monde. » C’est le message pressant délivré par l’Organisation des Nations unies ( ONU) pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), dans l’édition 2016 de son rapport sur la situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture.

« Sans action immédiate, le changement climatique constituera une menace pour des millions de personnes qui risquent de souffrir de la faim et de la pauvreté », préviennent les auteurs. Ils estiment qu’« entre 35 et 122 millions de personnes supplémentaires pourraient vivre en situation d’extrême pauvreté d’ici à 2030, en grande partie à cause des effets négatifs du changement du climat dans les secteurs de l’agriculture ». Les populations les plus affectées seraient celles d’Afrique subsaharienne et d’Asie du Sud et du Sud-Est.
D’ici à 2030, les effets attendus du réchauffement sur le rendement des cultures, de l’élevage, des pêches et des forêts sont contrastés selon les régions, indiquent les rapporteurs. Ainsi, dans les zones tempérées, il est prévu une augmentation de la productivité du soja, du blé et des pâturages. Mais « au-delà de 2030, les effets négatifs du changement climatique sur les rendements agricoles s’accentueront dans toutes les régions ». Aux pertes de récoltes vont s’ajouter désertification, risques d’incendie accrus, chute des ressources halieutiques…

Les activités agricoles dans leur ensemble sont aussi responsables d’environ un cinquième des émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine.

Cela principalement du fait de la fermentation entérique des ruminants, des déjections animales et des engrais, pour ce qui est des émissions directes de méthane et d’oxyde nitreux, mais aussi de la conversion des forêts en pâturages et en terres cultivées, pour ce qui concerne les rejets de gaz carbonique.
Malade d’un réchauffement dont elle est aussi l’une des causes, l’agriculture doit donc, à double titre, s’engager dans « une transformation profonde », estime la FAO.

Promouvoir des pratiques « intelligentes face au climat »  passe par une diversification des productions, une plus grande intégration associant cultures, élevage et plantation d’arbres, ou encore le recours à des engrais verts, mais aussi par la levée de freins juridiques et socioculturels qui pèsent notamment sur l’activité des femmes, celles-ci représentant 43 % de la main-d’œuvre agricole dans les pays en développement.