La mutation de l’énergie avec le numérique a déjà commencé

Nos ordinateurs, smartphones, tablettes et autres consomment beaucoup plus que la seule énergie nécessaire aux datacenters. Selon plusieurs  études, notre appétit dévorant de données et d’applications nécessite toujours plus d’électricité, laquelle repose d’abord et encore sur le charbon qui estime que l’ensemble de l’écosystème numérique pèse maintenant près de 10% de toute l’électricité produite dans le monde. Pour les auteurs, les coûts énergétiques du numérique sont largement cachés, la partie connue n’étant que la pointe de l’iceberg. L’économie numérique de la planète consomme déjà 50% d’énergie de plus que l’aviation du monde entier. Or ces énormes centres de données laissent une empreinte climatique plus ou moins forte en fonction de l’énergie utilisée.

Avec la décarbonation, l’arrivée du numérique est la deuxième mutation que subit le secteur de l’énergie. Les fiançailles ont duré quelques décennies. Les électriciens utilisent les technologies du ‘digital’ depuis une quarantaine d’années pour piloter et assurer la maintenance préventive des réseaux de transport et de distribution d’électricité. Les compagnies pétrolières doivent beaucoup aux modèles informatiques. Leurs capacités à visualiser les gisements de pétrole réduisent les risques liés à l’exploration.

Désormais des milliards d’objets connectés

Comme dans de nombreux secteurs, c’est l’arrivée d’internet qui a tout changé. La révolution du web ouvre la porte à des milliards d’objets connectés qui communiqueront entre eux et avec des plateformes informatiques, facilitera l’autodiagnostic des véhicules électriques, permettra d’adapter la consommation d’électricité à la production (ou aux prix de marché). Question: cette évolution est-elle souhaitable? D’ailleurs l’AIE à travers son  rapport qu’elle a publié ce lundi 6 novembre,  pose les éléments du débat en insistant sur les facteurs d’améliorations essentiellement comme la généralisation des thermostats intelligents, des compteurs communicants pourrait réduire de 10% la consommation mondiale des secteurs résidentiel et tertiaire, estime l’AIE.,

L”industrie en améliorant son comptage d’énergie,  a déjà massivement réduit ses consommations (et ses émissions de gaz à effet de serre). Faire surveiller à distance les machines permet au calculateur de détecter les signaux faibles avant-coureurs d’une panne.

Les exploitants de réseaux électriques, de parcs éoliens ou de fermes photovoltaïques utilisent désormais les drones pour assurer des missions de maintenance préventive

Plus d’informatique sur les réseaux, c’est faciliter l’injection d’électricité produite par intermittence sans dégrader la qualité du courant transporté, souligne l’agence de l’OCDE. Des réseaux offrant une plus large place aux productions d’origine éolienne ou photovoltaïque, capables de s’adapter plus facilement aux évolutions (parfois brutales) de l’offre et de la demande réduisent les besoins en nouvelles lignes.

Moins évidentes à chiffrer, les menaces que font peser sur nos systèmes énergétiques l’ouverture sur le monde de l’internet sont inquiétantes. Il est par exemple totalement impossible, soulignent les rapporteurs, d’éviter le déclenchement de cyber-attaques. «Mais leur impact peut être limité si les pays et les entreprises s’y sont préparés.»

L’arrivée en masse des robots énergétiques (automates de réseau) ne sera pas non plus sans conséquence pour l’emploi comme le prévoit déjà ENEDIS. La généralisation des thermostats intelligents, des compteurs communicants pourrait réduire de 10% la consommation mondiale des secteurs résidentiel et tertiaire, estime l’AIE.

Dans l’énergie comme ailleurs, le numérique est donc capable du pire comme du meilleur. C’est au pouvoir politique, souligne l’AIE, de fixer la place des curseurs.

http://www.iea.org/publications/freepublications/publication/DigitalizationandEnergy3.pdf