En pleine COP 22 une stabilisation du CO2 ?

Vers une stabilisation des émissions mondiales de CO2? Analyse portant sur les années 2006 à 2015
Pour la troisième année consécutive, les émissions anthropiques de gaz carbonique stagnent, indique le Global Carbon Budget. Effet conjoncturel ou structurel ?
Selon les calculs réalisés par une équipe internationale, coordonnée par Corinne Le Quéré (Tyndall Centre, université East Anglia), les émissions industrielles de CO2 devraient rester pratiquement stables, cette année.

Trois années sans croissance significative : c’est ce que nous rapporte  un article à paraître dans Earth System Science Data, les climatologues estiment que nos rejets carbonés anthropiques n’ont progressé, en 2016, que de 0,2%. C’est la troisième année consécutive, notent-ils, que le rythme de croissance des émissions anthropiques est inférieur à 1%/an.

Durant la décennie 2004-2013, les émissions progressaient plutôt au rythme moyen de 2,3% par an. «Trois années de suite sans croissance des émissions, c’est sans précédent dans un période de croissance économique», se réjouit Corinne Le Quéré. L’an passé, le PIB mondial a progressé d’environ 3%.

Comment expliquer pareille performance? Le ralentissement économique de la Chine et un début de décarbonation de son secteur énergétique, estiment les scientifiques. Responsable du tiers des rejets carbonés mondiaux, l’Empire du Milieu a vu décroître ses émissions, de 0,7% en 2015 et, probablement, de 0,5%, cette année. On est loin des 5% de croissance annuelle, observés durant la décennie précédente.

Pour avoir réduit leur consommation de charbon, les Etats-Unis, seconds émetteurs mondiaux (avec 15%), font fortement chuter leurs émissions : -2,6%, en 2015. La baisse devrait se poursuivre cette année (- 1,7% attendus).

Ces bons résultats sont, en partie, gâchés par l’Europe. En 2015, l’Union européenne, troisième émetteur planétaire (10%) a vu ses émissions progresser de 1,4%. La faute à l’hiver (2014-2015) un peu frais et à une augmentation de la consommation de gaz naturel.

Malgré la stabilisation des rejets, de nouveaux records de concentration de CO2 dans l’atmosphère ont été battus, en 2015. La faute aux sécheresses d’El Niño qui ont diminué l’absorption du carbone par les plantes. Le même phénomène devrait se reproduire cette année. « Nous avons dépassé les 400 ppm et la concentration va continuer à progresser aussi longtemps que nous émettrons du CO2», souligne Robbie Andrew, du Centre international de recherche sur le climat et l’environnement d’Oslo (Cicero).

Avons-nous atteint notre plafond d’émission ou est-ce le résultat d’effets conjoncturels? Il est sans doute un peu tôt pour répondre, de façon définitive, à cette question. Certes, de grandes dynamiques positives semblent appeler à se poursuivre.

Jamais, les investissements en faveur des énergies renouvelables n’ont été aussi importants. Et l’avenir semble sourire aux partisans de l’éolien et du solaire. L’Agence internationale de l’énergie estime que les énergies vertes pourraient produire 28% du courant mondial, dès 2021: 5 points de mieux qu’aujourd’hui.
Mais attendons de voir ce que les USA nous prépare:  l’Accord de Paris  n’étant pas leur priorité. Légalement, aucun pays ne peut se retirer du traité en moins de 4 ans.  Mais si  les Etats-unis se retiraient de la convention-cadre de l’ONU sur le changement climatique., cette solution fermerait la porte des prochaines COP aux négociateurs US. Et mettrait un terme aux projets de liens entre les marchés américains du carbone et ceux du reste du monde.

Du fait de l’imprécision de ses statistiques, personne ne connaît réellement le tonnage de dioxyde de carbone émis par la Chine. Après plusieurs années de baisses consécutives de ses émissions, les Etats-Unis pourraient radicalement changer de politique énergétique si l’on en croit les dernières informations en   relançant la production nationale de charbon, le plus carboné des combustibles fossiles.

Enfin, les contributions nationales (NDC) restent insuffisantes pour stabiliser les émissions et la montée des températures. «Les engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris feront néanmoins augmenter les émissions globales de 1% par an, en moyenne, jusqu’à 2030», estime Glen Peters, du Cicero.