Un métier à risques : celui de s’occuper de nos égouts

Dans un avis rendu public mercredi 22 juin, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) s’alarme des effets sanitaires à long terme liés aux conditions de travail des égoutiers.

En 2004, une enquête, menée à la demande de la Ville de Paris par l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS), avait mis en évidence chez les égoutiers parisiens une surmortalité de 25 %, dont une part significative par maladies digestives, cancers et suicides. Cette surmortalité élevée a même été réévaluée à 56 % lors d’une mise à jour de l’étude en 2009. Mais quelles en étaient les causes ? En 2011, l’Anses décidait de s’autosaisir de cette question et d’évaluer les risques sanitaires spécifiques des égoutiers.

C’est à un véritable cocktail d’agents chimiques et biologiques, présents dans l’eau et dans l’air de leur espace de travail, que sont exposés les égoutiers, révèle son expertise, qui s’appuie sur une campagne de mesures chez les agents de la Ville de Paris menée entre octobre 2014 et mars 2015.

Les égoutiers sont déjà soumis aux particules fines (PM) et oxydes d’azote (Nox) provenant de l’air extérieur qui s’engouffre dans les égouts par les bouches d’aération. « Et à des niveaux de concentrations beaucoup plus élevés que ceux dans la rue, du fait du confinement de leur milieu de travail et du manque de renouvellement de l’air », souligne Valérie Pernelet-Joly, responsable de l’unité d’évaluation des risques liés à l’air de l’Anses.
Outre cet air vicié venant de l’extérieur, les égoutiers sont exposés aux polluants transportés par les eaux usées domestiques et industrielles et par des eaux pluviales contaminées : cobalt, cadmium, hydrocarbures aromatiques polycycliques, hydrogène sulfuré, etc.

Avec la manipulation des déchets, les agents chimiques qu’ils contiennent et se diffusent dans l’atmosphère sous forme d’aérosols, de gouttelettes ou de microparticules que les égoutiers peuvent inhaler ou ingérer, ou qui peuvent se poser sur leur peau : leurs métiers représentent  de grosses expositions chroniques que l’on doit prendre en compte en ce qui concerne leur santé.