Les nanoparticules atteignent le cerveau

Une étude récemment présentée par l’unité ANSES de Lyon met en évidence le franchissement des barrières encéphaliques et donc le passage des nanoparticules jusqu’au cerveau, recensant ainsi des mécanismes de stress oxydant et  des processus  inflammatoires.

 Ci joint l’abstract de l’étude :

Le cerveau est un organe particulièrement vulnérable vis-à-vis de divers stress tels qu’une hypoxie, une infection, une lésion mécanique, une inflammation et possède à ce titre plusieurs types spécifiques de protection dont la barrière hémato-encéphalique (BHE).

Les travaux accumulés ces dix dernières années dans le domaine de la nanotoxicologie sont rarement orientés vers l’étude d’un impact cérébral, cependant ils montrent l’incomplète efficacité des barrières protectrices du cerveau vis-à-vis des nanoparticules.

En effet, le franchissement des diverses barrières biologiques a pu être mis en évidence pour plusieurs voies d’entrée et pour différents types de nanoparticules, confirmant que la taille nanométrique favorise un passage inter- et trans-cellulaire au sein d’un organisme entier.

Ainsi la translocation neuronale peut être directe, comme depuis la fosse nasale où sont présentes les terminaisons nerveuses des neurones du bulbe olfactif, mais aussi indirecte après franchissement d’une première barrière, pulmonaire, cutanée, intestinale;
les nanoparticules gagnant la voie systémique peuvent alors atteindre secondairement le cerveau en traversant la BHE.

Au-delà de ce constat, plusieurs questions se posent :

  • quel est le destin de ces nanoparticules qui sont parvenues à atteindre le cerveau ?
  • Sont-elles modifiées, sont-elles éliminées ou au contraire s’accumulent-elles ?
  • Quels sont les effets sur le fonctionnement cérébral ?

La littérature disponible permet de recenser l’induction de stress oxydant, d’inflammation, de mort par apoptose ou de modifications du niveau d’expression de certains neurotransmetteurs.

De nombreuses questions restent en suspens : que se produit-il quand l’exposition est chronique ?
Quel impact peut avoir une exposition in utero sur le développement du tissu cérébral ?
Quelles sont les conséquences d’une exposition sur le long terme ?
Existe-t-il des nanoparticules plus alarmantes ?

Les nanoparticules de nature métallique pourraient avoir des effets plus délétères sur le système nerveux par leur capacité de modifier des conformations de protéines, menant ainsi à leur agrégation. Or il est admis que la plupart des maladies neuro-dégénératives sont généralement liées à l’agrégation anormale de protéines : peptide bêta-amyloïde qui forme les plaques typiques de la maladie d’Alzheimer, l’alpha-synucléine, principal constituant des corps de Lewy dans la maladie de Parkinson, ou même du prion de la maladie de Creutzfeldt-Jakob.

Ces constatations doivent conduire à la vigilance sur l’impact possible des nanoparticules sur le fonctionnement cérébral.

microscope2

Unité Maladies Neurodégénératives (MND), Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail (ANSES), 31 avenue Tony Garnier, 69364 Lyon Cedex 07, France

Le cerveau est-il à l’abri d’un impact d’une exposition à des nanomatériaux ?