La nourriture des poissons d’élevage n’est pas sans poser problème

Devant une demande immodérée de poissons dans nos pays cependant riches en aliments diversifiés, depuis des dizaines d’années l’aquaculture s’est implantée à notre profit dans les pays du Sud: ceci sans réflexion pérenne sur les conséquences à moyen et long terme pour l’économie locale et pour les petits pêcheurs artisanaux. La surexploitation des petits poissons, réduits en farine, menace la sécurité alimentaire des pays du Sud.

 

 

C’est dans ce cadre que l’ONG Bloom sonne l’alerte, dénonçant les méfaits causés par l’aquaculture.

C’est ainsi que plusieurs rapports allant tous dans le même sens, dénoncent la présence de bateaux imposants qui depuis quelques années alimentent des fabricants de farine de poissons coréens, russes, chinois  ratissant les fonds marins pour aller  nourrir des saumons norvégiens, des truites polonaises, des anguilles chinoises, des crevettes thaïlandaises, mais aussi des carpes a priori herbivores, des volailles, ou encore des visons, des chiens, des chats…

Selon Bloom, les farines de poisson alimentent certes l’aquaculture mondiale (elle en consomme environ 57 %), mais elles fournissent aussi largement l’élevage de porcs (22 %) et de volailles (14 %).

Or les auteurs estiment que 90 % des poissons devenus farine étaient parfaitement comestibles, ce qui va à l’encontre du code de conduite pour une pêche responsable établi par l’Agence des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Celle-ci préconise au contraire de ne transformer que les poissons qui ne sont pas consommés par les humains (comme les lançons ou les tacauds), afin de ne pas menacer la sécurité alimentaire mondiale. En effet la FAO  considère que les stocks de poissons sauvages sont surexploités à 90 % .

 

Mardi 14 février, la Banque mondiale publiait de son côté une évaluation remise à jour du manque à gagner qui découle de la mauvaise gestion de la ressource halieutique. Selon les calculs de ses experts, « pêcher moins et mieux » pourrait générer des gains supplémentaires de 83 milliards de dollars à l’échelle mondiale. Mettre fin à la surexploitation permettrait non seulement aux populations de poissons de se reconstituer, mais aussi d’accroître la valeur des prises.